Les nouveaux principes de gestion des jardins

 

 

Quelques clés de compréhension du jardin méditerranéen

Le climat méditerranéen est avant tout propre au pourtour de la Méditerranée. Mais il est possible d’en retrouver les composantes principales sur d’autres continents, de l’Asie (certaines régions de la Chine continentale) jusqu’à l’Amérique (Chili, Californie), l’Afrique du Sud ou l’Océanie (Sud et Ouest de l’Australie). Cette répartition planétaire du climat méditerranéen a été mise en évidence par Gilles Clément au Jardin du Rayol (Var).

Ce climat appartient à la famille du climat tempéré et se caractérise par des étés chauds et secs et des hivers doux et humides.

La Côte-d’Azur bénéficie en effet d’un micro-climat favorable entretenu par la proximité combinée de la mer et de la montagne. Propice à un printemps quasi permanent et à la culture, notamment, de plantes exotiques.

A Villeneuve-lès-Avignon la situation géographique et climatique est bien différente. Situés en plein couloir rhodanien, dominé en cette plaine d’Avignon par le Mont Ventoux bien nommé, les jardins de Saint-André sont ainsi battus par des vents qui peuvent être violents (le Mistral surtout, vent du Nord extrêmement desséchant) et soumis à de longues périodes de sécheresse et de chaleur intense.

La palette végétale s’en ressent inévitablement et le jardin est essentiellement composé de plantes susceptibles de supporter de telles conditions. Vous rencontrerez donc surtout des plantes dites sempervirens, « toujours vertes », aussi appelées persistantes car elles ne perdent pas leurs feuilles en automne et en hiver. Elles composent ainsi un jardin qui, à l’instar des jardins italiens, est un « jardin vert ».

La plupart du temps, soumises à des conditions climatiques éprouvantes et devant se contenter d’un sol relativement pauvre, les plantes méditerranéennes ont une floraison discrète et éphémère mais très parfumée. Leur feuillage est aussi souvent de petite taille, afin de réduire la surface d’exposition au soleil et limiter l’évaporation.

Enfin, les périodes de floraison de prédilection de ces végétaux sont le printemps et l’automne (désormais l’hiver aussi, pour certaines d’entre elles), favorables par leur douceur et la relative abondance des précipitations. L’été, trop chaud et trop sec, est une période de repos végétatif pour la plupart d’entre eux. Ne vous étonnez donc pas de ne pas voir de fleurs au jardin si vous le visitez en juillet ou en août : les plantes font la sieste !

Techniques d’entretien

A Saint-André, nous avons résolument décidé de ne mettre en œuvre au jardin que des techniques d’entretien qui soient respectueuses du vivant.

Aucun désherbant de synthèse n’est utilisé dans les jardins : désherbage manuel pour les massifs, thermique pour les allées gravillonnées. Ce choix a un coût, en temps et en main d’œuvre, d’autant plus que le travail de désherbage, autrefois cantonné au printemps et à l’automne est désormais une activité de toute l’année. La germination des « indésirables » étant continue en raison de la douceur des hivers.

En ce qui concerne le volet phytosanitaire, nous n’utilisons que des traitements biologiques (solutions à base d’huiles essentielles, purins de prêle ou d’ortie) et seulement en dernier recours.

Lorsqu’un sol a besoin d’être amendé, nous n’utilisons que des amendements organiques (lombricompost, engrais organiques de type guano, semis d’engrais verts).

Pour limiter toujours plus l’usage d’intrants plus ou moins agressifs, nous tâchons de ne sélectionner que des végétaux susceptibles de s’adapter avec aisance et naturel aux caractéristiques du site de Saint-André.

Enfin, la physionomie particulière des jardins de Saint-André nous permet de mettre en œuvre les principes de gestion différenciée des espaces. Le jardin italien, par exemple, plus formel et classique dans sa forme, nécessite un type d’entretien précis, différent de celui mis en œuvre dans le jardin sauvage. La sélection des végétaux ornementaux y est plus pointue, la strate arbustive est taillée en topiaire. Les contraintes d’arrosage sont plus importantes et nous avons installé, partout où cela était possible, un réseau de goutte-à-goutte aérien ou enterré pour maîtriser l’arrosage de manière raisonnée. L’attention portée à la netteté des allées y est soutenue, notamment en période de forte germination.

Le jardin sauvage, comme son nom l’indique, est plus autonome et nous tenons à lui conserver cette liberté. Il nous aide ainsi à changer petit à petit notre regard sur le jardin et sur le vivant qui l’anime. Le désherbage y est moins pointilleux, l’arrosage réduit au strict minimum, les arbustes laissés en port libre, les prairies des oliveraies entretenues en fauche tardive afin de permettre aux végétaux de se ressemer et aux animaux (insectes, rongeurs, reptiles) de s’y reproduire en toute tranquillité.

Refuge LPO depuis 2018

Depuis 2018, les jardins de l’abbaye en gestion durable, sont devenus Refuge de la Ligue pour la Protection des Oiseaux. Afin de mieux préserver cette biodiversité dite commune et de la valoriser auprès du public, en effectuant des comptages ou des ateliers, identifier les espèces, fabriquer des nichoirs...
Dans ce sens, l’abbaye est en cours de labellisation « Ensemble arboré remarquable » notamment pour ses pins anémomorphosés (sculptés par le vent) et ses oliviers millénaires datant de la première abbaye ou encore ses arbres de Judée. Ce label est attribué par l’association A.R.B.R.E.S. (arbres remarquables : bilan, recherche, étude, sauvegarde).