« À deux pas d’ici », des paysages au pourtour de l’Abbaye Saint-André
L’abbaye Saint-André ouvre sa saison culturelle par un voyage immobile, initialement programmé en 2021. L’exposition À deux pas d’ici regroupe trois recherches récentes et une plus ancienne du photographe Bernard Tribondeau sur le paysage, réel ou fantasmé, dans un périmètre resserré autour de sa ville : Villeneuve lez Avignon. Un exercice artistique imposé par la pandémie mais pas que. It’s a small world capture, en surimpression, le foisonnement botanique débridé et éphémère du premier confinement, avant le rappel à l’ordre des jardiniers municipaux. Ses déambulations sur ce territoire intime l’ont conduit jusqu’aux jardins de l’abbaye Saint-André, produisant les verticalités de Jardins secrets. L’Écorce des âmes met en lumière les oliviers de l’abbaye et des alentours, dans l’onde millénaire de ceux de Crète, frôlant ces silhouettes dans un corps à corps majestueux, et en point d’orgue, un focus au Leica sur La Plaine de l’Abbaye qui vagabonde en bord de Rhône, au pied du mont Andaon.
Un périmètre intime
Villeneuve lez Avignon dominée parle mont Andaon sur lequel est juchée l’abbaye Saint-André, représente un espace « a priori »familier au photographe Bernard Tribondeau. Exacerbée par le confinement, son envie sous-jacente de déposer son sac de baroudeur pour aller vers des découvertes plus intérieures est à la source du propos de « À deux pas d’ici ». Une quête de merveilles plus ténues, moins ostentatoires, qui se révèlent dans son viseur numérique en de surprenants paysages, à la lisière du réel.
Quatre pas de côté, sous un même regard
Objet d’étude in situ, Jardins secrets assure le préambule de l’exposition. Connaisseur des jardins de l’abbaye, il nous entraîne dans ses contre-allées ou ses bosquets bien gardés par le chat de la maison. Ces tirages en hauteur sont subtilement pervertis par des textures aléatoires dès la prise de vue de son smartphone. Ils intriguent, bousculent notre vision de ces lieux sages, dans une dramaturgie très personnelle, faite de clair-obscur.
It’s a small world saisit le débordement végétal dû à la parenthèse sanitaire du premier confinement. Pour ce faire, cet artiste villeneuvois a décidé d’utiliser une technique vieille comme le monde photographique, la surimpression. « Pas de trucages, juste deux images superposées en direct sur le motif, deux points de vue du même lieu réunis sur un seul cliché ». « Je me suis imposé une unité de temps maximum 1min30 entre les deux prises et d’espace, 10 mètres de distance au plus. », rajoute avec facétie Bernard Tribondeau. Le résultat proche du mirage offre des panoramas pigmentés de touches colorées d’autant plus touchants que le spectateur les sait éphémères.
En conclusion, l’Écorce des âmes nous entraine, à travers de grands formats, sur la piste des oliviers de l’abbaye et de la Vallée du Rhône à quelques kilomètres du bourg, frères de toute la Méditerranées. « C’est en les photographiant à l’occasion d’un travail au long cours sur la Grèce, que j’ai aimé penser que ces arbres hors du commun avaient une âme» ,explique Bernard Tribondeau qui, alors, a observé avec un autre regard ceux, plus proches, plus modestes peut-être, des oliveraies de l’abbaye Saint André et de la Provence alentours. Une approche macro-photographique sensuelle à l’écoute de ces arbres qui portant les saisons, livrent failles et secrets. Peau rugueuse, boursouflures par endroit nous contant les tailles et les récoltes passées.
En réplique, en contre-bas, la Plaine de l’Abbaye, immuable nichée entre le mont Andaon et le Rhône, paresse. Hors du temps, là où il y a deux siècles se trouvait le lit du fleuve. Ses grands prés, ses taillis et ses friches sont propices à une vie en marge, au pied du fort Saint-André. Lieux infimes, fragments intimes ont été saisis à l’aide d’un boitier Leica durant deux années, il y a une décennie maintenant. Ils reviennent à la lumière aujourd’hui, nous insufflent leur esprit bohème, dans la parenthèse covidienne qui nous retient encore, nous cloisonne, nous musèle et s’éternise. Un dernier pas de côté salvateur sur les sentiers buissonniers
Un photographe voyageur qui chemine désormais à pied…
Né en région parisienne, photographe amateur dès le plus jeune âge, Bernard Tribondeau s’est d’abord tourné vers une carrière de « créatif » dans le monde de la publicité durant vingt-cinq années, avant de s’autoriser à rejoindre le cercle des photographes avec qui il avait beaucoup collaboré. Presse et entreprise principalement…
Son penchant pour les images et les voyages lui avait déjà permis de s’adonner à la photo de rue au Brésil, en Chine ou encore au Japon lors de ses voyages loisirs ou lors de ses missions corporate à l’étranger. Mais aussi en Italie et en Grèce, ses deux patries de cœur où il sera le spectateur malgré lui de la crise de la dette en 2012.
Désormais, il habite à l’année à Villeneuve lez Avignon et continue de photographier pour le plaisir avant tout.
Argentiques, numériques, il jongle avec une quinzaine de boitiers selon son envie et le sujet du jour. Usant d’une post production à minima, tous les effets désirés sont imaginés lors de la prise de vue. Un artiste qui se revendique éclectique et qui a mené aussi bien une chronique de confinement « Covidays », qu’un travail poétique s’inspirant d’une nouvelle de Le Clézio. Plus d’infos et galeries sur : http://www.tribondeau-photo.fr et sur les réseaux.
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Détails et informations sur https://www.abbayesaintandre.fr/atelier-rencontre-photo-avec-bernard-tribondeau/
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